La première fois que j’ai rencontré Eric Itzkin, c’était dans un café de Newtown à côté du Museum of Africa, un vieux muséum à Johannesburg, un peu palot aujourd’hui mais qui devrait être rénové bientôt à la faveur de la rénovation de tout ce quartier de Joburg. Eric travaille pour la municipalité de Johannesburg (un poste important), c’est un homme important mais extrêmement modeste. On s’est rencontré là, car il travaillait à côté et que le Museum était sa « maison » ; il était l’auteur d’une expo toujours actuelle dédiée à Gandhi, développant la théorie selon laquelle Gandhi développa sa théorie de la résistance passive à Johannesburg (Johannesburg, Satyagraha’s Birthplace). Il en écrivit le livre dont vous avez la couverture sur cette page.
Eric est d’une famille de résistants, juifs, originaires de l’Europe de l’Est. Son père déjà luttait avec les diverses communautés du temps de l’apartheid. Lui-même dut s’exiler au Zimbabwe dans les années 70 pour pouvoir se marier avec son épouse d’origine indienne et musulmane. Les mariages inter raciaux étaient alors interdits.
Cet homme aujourd’hui dégage une grand sérénité et malgré son calme, c’est un bavard impénitent et il faut un sacré anglais pour le suivre… car il en a des choses à dire. Puits de science sur Johannesburg et son histoire, écrivain et plus grand spécialiste de Gandhi et de son passage (20 ans tout de même) en Afrique du Sud, sur lequel il écrivit un ouvrage de référence, Eric arriva dans ce café avec une relative nonchalance…
Je venais le voir pour lui vendre notre projet, rénover la maison de Gandhi, en faire un musée et en faire aussi une maison d’hôte pour pérenniser économiquement ce projet visant à créer un nouveau patrimoine dans la ville. Je sortais d’une rencontre avec une journaliste de RFI à qui je vendais ce projet alors qu’il n’existait pas encore. Eric accepta tout de suite de participer au projet et refusa d’être payer pour sa contribution. Il valida tout, des textes jusqu’aux règles qui régirent la Satyagraha House. Il n’accepta qu’une chose, venir à Paris pour parler de notre projet et passer du temps au Louvre.
Depuis j’ai eu la chance de rencontrer sa famille et même si le projet est maintenant sur des rails, il fait partie de cette équipe de 3 sud africains extraordinaires (Lauren Segal, Eric Itzkin et Rocco Bosman) qui nous aidèrent dans ce projet, des militants de la nouvelle Afrique du Sud, militant jusqu’au bout et malgré tout. Une belle âme et un homme discret, bref un sud africain pas vraiment comme les autres.
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