Ah ces fichus portables, réseaux sociaux, tablettes, ordinateurs, des sollicitations de toute part, des « like », des cuicui, des arguments, des âneries, des choses brillantes, des révoltes et des monstres, du travail, du loisir, des coquineries, des jeux, du temps perdu, du temps gagnés, plus de communication, moins aussi, nos outils numériques sont les anges et démons de nos vies modernes. Même en voyage, on veut déconnecter et en même temps, on veut partager, on veut se faire oublier et notre égo de voyageurs fier de lui, nous pousse à garder le contact, dire combien on a de la chance. Bref, c’est tout et son contraire. Alors, il existe des lieux où l’on peut s’échapper de ce monde tourbillonnant, se retourner sur soi et les siens, contempler, sans bruit, sans fureur et sans WIFI. Voici ma sélection d’endroits où la connexion devient ridicule et le laisser aller devient indispensable.
– Johannesburg, la Satyagraha House: une maison pleine d’esprit, d’histoire, entre demeure du début du 20ème siècle et décoration raffinée, au loin (très loin) la ville rugit doucement, mais ici seuls les oiseaux et le ciel peuplent vos pensées. Silence, paix, confort et douceur des relations humaines, tout invite à s’abandonner dans les livres, flâner dans le jardin, faire une sieste au soleil seulement voilé de tissus blancs qui virevolte sous la brise. Au coeur de l’histoire, le meilleur endroit demeure la chambre de Gandhi, la mezzanine sombre, où son simple matelas et le rouet montre la voie de l’essentiel.
– Blyde River Canyon: oubliez les resorts, les hôtels de charme, oubliez les visites indispensables, la course aux photos, partez à Lisbon Falls, tôt le matin. le jour se lève à l’ombre de la végétation, personne autour de vous. le Canyon se réveille, ses oiseaux, sa faune au loin, les odeurs éclatent aux premiers rayons du soleil… Arrivez aux chutes de Lisbon, seuls, et profitez, sans wifi de la splendeur de la solitude et du silence pour vous concentrer sur le murmure de la nature.
– Les dunes de Santa Lucia: un paradis sauvage trop rarement visité… des dunes que l’océan violent forme sur le littoral. C’est l’endroit idéal pour se déconnecter de tout… pas de ville, dès lors que l’on fait plus de 50km en longeant l’océan. A droite l’océan, à gauche la forêt sur le sable et souvent entre les deux des dunes, grandes, belles qui vous attirent irrésistiblement. Passez du temps là, ou faites comme beaucoup de sud africains, poussez jusqu’à un rest camp et le soir, goûter à l’aventure à la sud africaine… avec un braaï toujours en embuscade.
– La côte sauvage du Transkeï: je n’en ai jamais parlé. J’ai un peu parlé de ce pays qui a vu naître Mandela mais jamais de cette côte sauvage, parfois abrupte, souvent sablonneuse à l’infini, une côté coupée du monde, souvent non accessible si ce n’est pas la plage en 4X4 ou par des pistes improbables… néophytes, oubliez ce paradis, fou du volant, foncez… un no man’s land… or des sentiers touristiques, une impression de découverte du monde… une Afrique originelle… à tenter… évidemment, on oublie tout… même le réseau téléphonique.
– Lapalala : un nom rigolo pour un bout du monde – des maisons sommaires isolées en pleine brousse, des pistes, des animaux (mais rien de bien méchant), des sensations uniques de bout du monde en pleine brousse. A seulement 3h de Johannesburg, entre des « game farm », loin des réserves fameuses, un bout d’Afrique du Sud, loin des antennes relais, loin même de l’électricité, et je ne parle pas du Wifi. Un lieu idéal pour le thème du jour… attention de ne pas en abuser… cela friserait l’ermitage.
– Upington et le Kalahari – j’ai marié les deux juste pour « rigoler ». Upington car cette ville aux portes du Kalahari est digne de ces villes sud africaines posées aux portes des zones vides. Les héritiers du grand trek sont là, visiblement restés bloqués au niveau capillaire soit dans les années 70 soit carrément ay 19ème siècle. Nous sommes dans une région de grande ferme, ces grands domaines alliant élevage, agriculture et faune… les pick up 4X4 y sont roi, tout comme la bière et le soleil. Un bon dans le temps et après quelques heures de route, vers le Nord, un bon vers le vide du fameux grand parc national. Inutile de préciser que les technologies de communication.
– Une terrasse isolée dans une réserve privée : si la plupart des réserves privées sont toutes (malheureusement) connectées, il est souvent (le plus possible) interdit d’utiliser ses outils « modernes » dans les parties communes. Mais dégainer son portable, activer le Wifi est une réelle faute de goût sur n’importe laquelle des terrasses de lodges. Un petit verre à la main, les yeux perdus dans l’horizon, un horizon troublé parfois par un animal de passage, la lumière d’un jour tombant, les bruits doux des insectes et autres oiseaux qui s’agitent avant la nuit. Clairement, tout invite à ne pas se connecter… un exemple de terrasse, la terrasse du Chackley Treehouse, pas top pour y dormir mais top pour y apprécier à deux, la fin du jour depuis un promontoire unique.
– Parcourir la plage de Bloubergstrand… et imaginer l’histoire du Cap : il s’agit du fameux point de vue qui donne sur la ville du Cap. La vue, avec la ville et la montagne de la table, vue de la mer, c’est ici. Une ballade sur cette plage isolée à plus d’une heure du Cap est souvent un bon moment quand la lumière est belle. Au loin, la ville du Cap, face à vous, les vagues qui déferlent sur les grandes plages de sable. On est loin de la vie trépidante de la cité mère… et pourtant, on l’observe dans ce silence marin, à la fois loin du monde… et en son cœur… profitez de cette déconnexion pour vous offrir une bonne table, perdez votre portable et régalez vous.
– Atteindre le Top of Africa et frôler le Lesotho : empruntez la périlleuse piste de Sani Pass qui part des vallons du Drakensberg pour s’enfoncer vers la montagne. Des pistes bordées de précipices abruptes, deux heures suffiront, assis à l’arrière d’un 4X4 inconfortable pour atteindre la frontière avec le royaume du Lesotho. Juste après, un chalet « mignon » qui vaut le détour pour sa magnifique vitre panoramique et son chocolat chaud. Il fait -5 degrés, les gens autour sont habillés de pancho et la vue, l’ambiance vous donnent l’impression d’avoir changé de monde. Inutile de dire que la connexion est impossible, déconnexion inévitable !
– Hit the Road, et partez sans destination : le rêve, non ? l’Afrique du Sud est taillée pour la route… pour atteindre des zones « digital detox », rien de plus simple ; prenez une bonne voiture de préférence. Partez de Johannesburg. Evitez la N2 qui va à Durban, la N4 qui part vers le Kruger, la N1 North qui part vers Lapalala, la N4 ouest qui part vers Sun City. Il reste la N1 South, direction soit Bloemfontein soit Kimberley et ensuite, le vide. Les routes droites qui touchent l’horizon, pas de villes si ce n’est des ersatz de western. Un voyage n’a pas forcément besoin de destination… mais d’un point de départ.
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