Les voyageurs qui envisagent l’Afrique du Sud, l’envisagent pour des raisons insuffisantes… pas manque d’information certes mais aussi parce que la plupart des professionnels du voyage spécialistes de l’Afrique n’ont aucune sensibilité à tout ce qui s’écarte de la vie sauvage ou des beaux paysages. Alors on connaît par cœur la couleur des tables du Boma, la sensation d’un sundowner (apéritif au coucher du soleil), la taille des chambres ou le meilleur moyen de combiner cela à vos attentes (dans un monde rêvé). Mais l’Afrique du Sud est une destination qui préfigure ce que deviendra inévitablement tout le continent africain… une destination culturelle, humaine et donc urbaine…
Aujourd’hui, les villes africaines et donc sud africaines sont d’une part inconnues de ces professionnels, souvent peu mises en valeur par les offices du tourisme et plus souvent montrées par les médias comme un concentré de criminalité, de tous les vices et d’aucune vertu, bref d’aucun espoir. Cette vision peut sembler simpliste mais elle est selon moi réaliste… on veut l’Afrique du Sud mais on craint sa réalité, on veut les paysages mais pas trop l’envers du décor et cet envers du décor n’est pas si sombres, gris ou triste… cet envers du décor, ce sont les villes et les vraies villes, pas le Cap, les autres. Et parmi « les autres », il en existe une qui est particulièrement ignorée, malaimée et donc évitée alors même qu’elle est au cœur de la route touristique classique, Durban.
Les bonnes raisons d’y aller :
1) Son importance historique
Durban est LA ville indienne par excellence en Afrique du Sud, plus grande ville indienne en dehors de l’Inde paraît il. A ce titre, elle accueillit bien sûr Gandhi qui y fonda son premier « ashram », celui de Phoenix bien avant la ferme Tolstoï. On y rencontre donc une partie de la population sud africaine non négligeable qui fut particulièrement active lors des diverses luttes sud africaines. Pour cela, il suffit de voir l’omniprésence d’indiens dans l’entourage de Mandela mais aussi dans les diverses luttes qui émaillèrent l’histoire du pays. Aujourd’hui, on résume souvent cette partie de la population à des gens qui vivent « entre eux », souvent aux commandes d’entreprise Hightech, avec des coutumes qui leur sont propres. Mais le tableau n’est pas si lisse et secret. Leur présence et leur diversité a donné à la ville une partie de son visage : Tout d’abord une ville multi culturelle et multi religieuse (Musulmans, chrétiens, Hindous notamment).
Cette ville est aussi le siège de la culture britannique de l’Afrique du Sud. On y retrouve de vieux monuments du 17ème siècle témoin de la présence des soldats et pionniers de sa majesté ; le « union jack » est d’ailleurs intégré au drapeau de la province et de la ville. A ce titre, elle a évolué comme les villes américaines, avec un centre ville composé de gratte ciel posés le long de la mer, suivi dans les terres par des zones industrielles ou commerciales suivies ensuite par les diverses zones résidentielles très diverses. L’organisation de la ville « américaine » est contrariée par la présence de la mer et celle du grand port au Sud. On retrouve également dans certains quartiers même centraux des bâtisses de style indiens ou de style créole. Nul doute, nous sommes dans une grande ville de l’océan indien faite d’influence multiples qui en fait une ville passionnante car… mondiale.
2) Son importance politique
La ville de Durban n’a ni le point de Johannesburg, ni la splendeur du Cap et n’est donc pas une capitale du pays… Mais sa population indienne notamment mais aussi son quasi statut de capitale zoulou en fait un lieu d’influence et de source des grands sujets actuels et passés. Les zoulous sont l’ethnie la plus puissante et la plus fortement représentée au sein de la population. Très souvent, les zoulous en quête de leur destin commencent leur chemin par Durban. On y retrouve encore aujourd’hui de grands décideurs tant indiens que zoulous mais aussi une part importante de la population d’origine « anglaise » un peu l’aristocratie sud africaine… de l’époque. On nage donc entre le passé glorieux des uns (et toujours leur richesse) et les aspirations des autres.
On ne parle pas ici d’un paradis mais d’un lieu où plusieurs courant de pensée et plusieurs modes de vie cohabitent, pas toujours bien mais finalement avec une harmonie que l’on arrive à mesurer dès lors que l’on s’attarde dans ses rues. A tous ces titres, sur le chemin de la compréhension de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, s’arrêter à Durban, rencontrer des gens et chercher un peu à sortir des chemins battus (delphinarium et marché indien Victoria) peut paraître comme indispensable.
3) Une bien belle destination
Quand on arrive du Cap ou de Joburg, ce qui frappe, c’est le changement de monde. La température est bien plus douce voire chaude et humide et la végétation est luxuriante. Autour du nouvel aéroport King Shaka, les plantations de cannes à sucre donnent le ton, nous sommes sous les tropiques. Le front de mer encore un peu vieillot présente de plus en plus d’intérêt et est agréable avec ses pontons, ses surfeurs, son delphinarium et aussi une petite ville miniature reconstituée pour les enfants… Les ruelles sont plus vertes, les palmiers plus présents et certains quartiers avec leurs demeures créoles ont des airs d’ailleurs.
La vie nocturne est assez riche, c’est une ville de fête. De nombreux restaurants et boîtes de nuit sont renommés dans tout le pays. Nombreux sont les « joburgers » qui viennent s’encanailler le temps d’un weekend. Ce qui en fait aussi sont charme c’est qu’il y a des lieux de séjours en ville et en dehors qui sont beaux et très agréables. Umhlanga Rocks, au Nord, par exemple n’est pas belle. On dirait une station balnéaire de la Costa Brava. Mais en y regardant de plus prêt, on y trouve des joyaux (dont le fameux Oyster Box Hotel) et un front de mer très agréable (et chaud). Ballito plus au Nord encore sera plus douce et discrète ; parfaite pour les golfeurs et amateurs de tranquillité non loin de la ville. Mais évidemment on pourra choisir de séjourner sur la Marine Parade et se réveiller du haut de ses 15 étages avec une vue grand angle sur l’océan et les tours qui encadrent la baie. Certains choisiront enfin quelques guest houses dans les quartiers résidentiels. Pourquoi pas car de belles adresses existent… mais en bon habitant d’une ville sans océan, je trouve dommage de s’enfermer dans les terres dans une ville si marine.
Bref faites votre choix, mais personnellement, un voyage en Afrique du Sud avec Durban deviendra un grand voyage. Mais attention un « bon » Durban, avec un hôtel sympa, une visite bien travaillée pour découvrir cette ville… pour de vrai.
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