Voilà un jour qui n’a pas fini d’être célébré même si cette année et même si je n’avais pas prévu d’écrire aujourd’hui, je ne pouvais ce 18 juillet, jour du Mandela Day rester silencieux ; non que mes mots aient une quelconque importance ; c’est la somme des mots, leur masse et leur convergence qui donne de l’importance aux choses. Mandela est un homme important, le seul, le dernier avant les prochains ; mais ils sont rares les grands hommes et notre monde connecté et contradictoire a bien du mal à en créer sans être tenter de les détruire ou au mieux les déshonorer.
Ce jour a un drôle de goût d’adieu et de nostalgie car c’est sans aucun doute le dernier anniversaire que nous fêterons en sachant que Nelson Mandela est de notre monde. Alors que les bulletins d’information nous abreuve d’un pénible « état critique mais stable » et qu’une partie de sa famille nous offre le spectacle malheureusement classique de la médiocrité humaine, une autre partie et notamment son épouse, Graça Machel, offre un visage calme, discret, recueilli, attendant l’inéluctable avec une classe digne du grand homme.
Mais qui est Mandela ? Je ne vais pas sortir toutes les évidences car vous les connaissez toutes. Chaque sud africain a son Mandela, alors moi aussi je me suis construit le mien, celui pour qui j’ai espéré la libération, celui pour qui j’ai manifesté, j’ai chanté aussi, celui qui marcha au milieu de la ville, sortant fraîchement de prison, un point levé d’un côté et une Winnie triomphante de l’autre, lançant la mode malheureuse du Mandela porte bonheur. Celui qui fut élu, celui qui souleva la coupe du monde de rugby, celui qui mena l’Afrique du Sud sur la voie du pardon impossible. Bref celui qui rendit l’Afrique du Sud plus grande et belle aux yeux de l’humanité et à ses propres yeux. Nous aurons le temps de pleurer sa perte mais en chacun de nous, une part de nous-mêmes, une part de rêve, une part de cette croyance en l’impossible disparaîtra.
Alors, avant de pleurer, je propose à chacun où que l’on soit, de célébrer ce jour comme un grand jour, celui où un homme est né et où il commença sa vie pour devenir un grand homme. Il aura réussi son œuvre. Il a réussi sa vie avec sans doute ses échecs aussi. Aux sud africains de vivre après lui et de réussir à maintenir son héritage sans le dilapider comme des enfants gâtés, en le partageant avec le monde.
Aujourd’hui transportons nos pensées à Robben Island, à Wilakazi street, au Transkeï en pays Xkosa, dans chaque ville, chaque village, chaque paysage du pays, au musée de l’apartheid, à constitution Hill au mémorial d’Hector Pieterson. Offrons une larme aux plaines arides du Nord asséché et offrons le rayon de soleil aux berges du Cap encore humides.
Bon anniversaire Monsieur Mandela.
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