C’était il y a un an, seulement un an, déjà un an ; le monde entier était ému au larme et pleurait à l’unisson de toute une nation qui s’était fait une raison. Mandela n’était pas immortel. Après 6 mois d’agonie et de rumeur, Mandela nous laissa seul… alors que j’ai eu le sentiment que cet anniversaire soit passé un peu inaperçu en France, j’ai voulu me demander ce qu’il restait de Mandela dans l’Afrique du Sud à la veille de 2015…
Il reste beaucoup de choses mais pour le voyageur averti, l’Afrique du Sud traverse une crise et il peut facilement penser que son empreinte disparaît. L’actualité montre une certaine tension sociale qui s’explique par un pays en panne de croissance économique avec tous les effets que cela engendre pour la population, notamment la plus pauvre. On voit aussi que le peu de vision à long terme de ces dernières années entraîne une pénurie d’électricité avec des pannes à répétition à Johannesburg mais aussi au Cap. L’Afrique du Sud en plein été se retrouve plongée dans des journées d’été sans lumière.
Mandela est au-delà de l’actualité, il est Histoire. La réalité du moment ne l’intéressait d’ailleurs qu’assez peu lorsqu’il était au pouvoir. Il voulait marquer les esprits et prendre des mesures qui les marqueraient durablement. Et les choses avancent. Doucement. Mais elles avancent, cela se voit pour quiconque parcourt les rues de Soweto ou traverse un township dans le pays. Elles avancent aussi lorsque l’on va dans les lieux branchés ou les quartiers riches. Elles avancent aussi lorsque l’on regarde la télé ou les médias, bien plus représentatifs de la réalité du pays.
Mais changer un pays qui est né de et dans la ségrégation et le développement séparé en seulement 20 ans est une illusion. L’Afrique du Sud devient une démocratie mature et les élites apprennent aussi à gouverner dans la durée. Pas simple. L’argent et la corruption qui s’en suit sont inévitable (où ne le sont ils pas d’ailleurs), les frasques de gouvernants, les scandales ne restent pas dans l’histoire (à l’exception de quelques uns). Mais il est vrai qu’il m’est toujours pénible de voir un pays si jeune, si vif et si riche stagné comme un vieux pays d’Europe…
L’Afrique du Sud est un pays encore jeune et je pense très prometteur. Mais il faudra passer le cap du pouvoir ANC et aller de l’avant. La vraie victoire, visible aujourd’hui, c’est un pays en paix, qui regarde l’avenir malgré une actualité médiocre (qui n’a pas de médiocrité dans son actualité), la paix sociale, bien que fragile (comme dans tout pays en crise) est bien présente et durable.
Ce qu’il reste de Mandela, c’est une certaine idée de l’Afrique du Sud, l’idée d’un pays aimé des siens et aimé des autres. Un pays méconnu qui est habillé de préjugés bien injustes et parfois aussi sous estimés. Un pays merveilleux aussi paradisiaque qu’infernal. Mais un bonheur pour les voyageurs et une leçon d’humanité. Il reste de Mandela, les premières pages de l’histoire de cette nouvelle Afrique du Sud et l’émerveillement d’être spectateur du destin d’une nation unique au monde.
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