Jean Louis Borloo soutenu par beaucoup de monde, les médias, les politiques, lance sa fondation pour l’énergie en Afrique. Soutenir le développement en Afrique par la diffusion au plus grand nombre de l’énergie est une cause défendable car le développement en général et des infrastructures en particulier est clé pour ce continent. Et il l’explique très bien.
La question qui se pose et j’ai peur d’être taxé de pessimisme, est : « l’énergie est elle vraiment la clé du développement en Afrique, la priorité ? »
Le continent africain et de nombreux pays connaissent une croissance à 2 chiffres depuis plusieurs années. Le Ghana, l’Ethiopie, le Kenya apparaissent aujourd’hui comme des « dragons » à l’image des pays asiatiques dont nous analysions tous l’émergence alors qu’on était au lycée. L’Afrique du Sud, le Nigeria, La RD Congo (d’une certaine façon), l’Egypte ou le Maroc sont déjà des pays puissants.
L’Afrique n’est donc pas un continent pauvre, c’est un continent où il y a énormément de pauvreté et surtout où la corruption traditionnelle maintient les populations dans une pauvreté importante voire extrême parfois et avec très peu d’infrastructures. Si l’on parle d’énergie, parlons des routes, des aéroports, des gares et des ports, des hôpitaux et surtout des écoles ; parlons du système de santé, de l’alimentation et de l’autosuffisance alimentaire, parlons de la lutte anti-corruption, de la liberté, de la liberté d’expression, des fondamentalistes, des guerres larvées, des zones de non droit qui poussent en Europe des bateaux entiers de gens désespérés qui préfèrent vivre sur le trottoir à Paris ou mourir au milieu de la méditerranée que sous la menace dans leur pays. Parlons aussi de ce qui va bien, de ce qui progresse, des nombreuses raisons d’espérer, des grands progrès, des grands projets…
Mais Borloo a choisi l’énergie… pourquoi pas ! Il se trouve qu’à mon arrivée en Afrique du Sud en 1996, j’ai travaillé quelques mois dans une entreprise dont le métier était de faire des barrages en Afrique de l’Ouest et de vendre des solutions de compteurs prépayés dans de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine. Mon épouse a travaillé 3 ans pour cette entreprise dont je connaissais bien le patron et aussi quelques secrets. Ce patron était un ancien sous officier français, pas hyper brillant, mais qui s’était fait de nombreux amis dans l’armée en Afrique. Avec le temps, ses amis sont montés en grade et sont devenus des officiers importants, des ministres et même pour le Burkina Faso, un président. J’ai donc vu que ce marché de l’énergie, très important, brassant des milliards, touchait vraiment le cœur du pouvoir en Afrique et était au cœur de la corruption et de ce que l’on connait de pire en Afrique. L’Afrique manque d’énergie ? Pourtant le Nigeria, l’Angola, la Congo ou le Gabon sont de gros producteurs et exportateurs de pétrole… c’est de l’énergie le pétrole, non ? Pourquoi ne pas avoir une politique africaine du pétrole… ? Il y a d’innombrables grands fleuves, des zones désertiques idéales pour l’énergie solaire ou éoliennes… on ne manque pas de place pour cela ; malgré la population en forte croissance, l’Afrique est le continent qui a la plus faible densité de population. Alors, l’énergie est elle la clé ? Ou est il un moyen d’aller sous couvert d’une fondation, de toucher un marché de dizaines de milliards pour en récolter des miettes ? Ou, est-ce un moyen pour avoir une influence financière donc politique sur certains dirigeants par la corruption pour au final, arriver au développement et donc à plus de liberté et enfin à moins de corruption ?
Alors, la question selon moi se pose. Tout le monde encense Borloo qui mérite peut être de l’être, les médias sont derrière lui. Sa maladie, la vérité qui en ressort, touche tout le monde. Mais avec un brin de cynisme mais aussi une vraie interrogation, je me demande, pourquoi l’énergie ? Et l’Energie est elle vraiment la première des priorités pour le continent Africain. Quand on sait que l’Afrique du Sud, pays très développé s’il en est, a des problèmes d’énergie dans ses grandes villes ou dans ses quartiers populaires. Il s’agit sans doute plus de politique publique, de priorités de développement… Une fondation aura-t-elle un vrai effet bénéfique sur tout cela… forcément, on peut en douter, mais on peut aussi espérer, sans cynisme, qu’elle soit une arme nouvelle et efficace pour soutenir le développement du continent…
Ce qui compte, ce n’est pas l’annonce mais le résultat… à suivre…
Bonjour,
Ce commentaire ne me laisse pas indifférente, pour deux raisons.
La première nous avons passé trois ans à Djibouti et les problèmes d’électricité, il y en a.. mais soyons francs, rien qui ne puisse être traité par une fondation quelle qu’elle soit. La corruption est partout, on pratique le délestage au profit des quartiers riches, et que dire des factures différentes selon la nationalité.. pour nous français, il nous est arrivé d’avoir des factures de 800 euros par mois en période chaude, et nous n’étions pas exempts de coupures.. mais il est vrai que le problème des coupures est général en Afrique.
La deuxième raison, c’est que c’est toujours intéressant de voir ce qui se passe en Afrique du sud, car nous venons pour la deuxième fois, passer un mois cet été, car nous sommes pleine recherche pour nous installer d’ici quelques années.. bref, dans l’immédiat nous cherchons une maison dans notre endroit de prédilection..
Merci pou ton blog qui nous donne un « bel » éclairage sur ce qui se passe dans le pays que nous aimons tant.