Mandela est parti, il appartient désormais au patrimoine de l’humanité et à celui de l’Afrique du Sud, il appartient à l’Histoire… Il y a un an, ne serait-ce qu’écrire cela aurait tiré les larmes à n’importe lequel des sud africains (normalement constitué disons). Mais aujourd’hui, la mort de Mandela s’inscrit dans la nature des choses et l’on a pu être surpris de ne pas voir des scènes hystériques comme nous en avions vu pour Lady Di (et pourtant nous sommes d’accord que leur poids dans l’Histoire ne sera pas le même). La raison est simple.
Pour moi comme pour de nombreux sud africains, Mandela est réellement mort au mois de juin, quand il a été dans un état critique (cf mon article : critique mais stable de juillet 2013). Tout le monde avait son avis sur la date de sa mort, le 16 juin, jour du Youth Day puis ensuite en juillet lors de son anniversaire et puis il est rentré chez lui et les feux de l’actualité l’ont oublié.
Mais en juin, le traumatisme fut profond, le sujet grave et dans le même temps on se rendait compte que Mandela n’était plus là depuis un moment, que le pays tournait et la vie continuait. On était triste, on se demandait encore comment on ferait sans lui comment ses héritiers se débrouilleraient avec cet héritage lourd à porter. Puis, la famille commença à se déchirer pour l’héritage plus matériel et le pays continua à vivre avec un Mandela dont la vie rassurait mais dont on avait enfin pris conscience qu’il allait mourir et que c’était imminent.
Alors le 5 décembre et les jours qui suivirent, les médias du monde entier se sont mobilisés, ont filmé en gros plan les alentours de sa maison de Houghton, puis l’affluence à l’ex Soccer City Stadium et enfin aux Union Buildings de Pretoria… Mais ce regard à la loupe ne regarda pas que l’Afrique du Sud poursuivait son chemin. Elle n’a rien changé à sa vie et alors que le monde la regardait fixement, il ne la voyait pas déjà se remettre au travail. Mais attention, ne vous y trompez pas, je ne dis pas que tout cela n’était pas important… mais la peine était moins traumatique moins violente, plus intime, résignée et préparée.
Beaucoup furent surpris de voir peu de monde au stade pourtant bondé de présidents en tout genre et de médias, mais il pleuvait (pas cool d’ailleurs) et on était un jour de semaine, un jour où l’on travaille et finalement un jour triste, mais un jour comme les autres. Il ne faut pas en déduire pour c’était un non évènement mais la mort de Mandela fut selon moi un plus grand choc pour le Monde que pour l’Afrique du Sud. L’Afrique du Sud l’avait perdu en juin, son départ était une délivrance pour lui, le symbole d’une fête, la fin d’une lente agonie que l’Afrique du Sud a vécu seule…
Une dernière fois, Mandela fut parfait, un deuil pour les siens, un autre pour les autres, et un immortel de plus aux côtés des rares grands hommes qui ont fait avancer l’humanité.
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