Il n’échappera à aucun voyageur en Afrique du Sud qui discute 5 minutes avec des sud africains que le pays traverse une période de trouble politique assez profond… la situation rappellerait presque celle d’un autre pays… un président impopulaire, une croissance économique en panne sévère, des scandales à répétition, et un parti au pouvoir en perte de vitesse… Il ne s’agit pas de la France mais bien de l’Afrique du Sud. Si nous avons, en France, l’habitude de nous auto flageller et de nous voir plus mal que nous ne le sommes vraiment, l’Afrique du Sud se trouve de moins en moins belle. L’une des causes: son héritage porté politiquement depuis la fin de l’apartheid par l’ANC.
L’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela a propulsé, il y a maintenant plus de vingt ans, une nouvelle génération d’hommes politique et d’hommes de pouvoir qui aujourd’hui semblent être arrivés en fin de règne. Fort de l’héritage de Madiba, le pouvoir a longtemps été confisqué par cette classe émergente qui justifiait son pouvoir par les luttes passées. Or aujourd’hui, les luttes passées ont laissé la place aux luttes actuels. Celles pour l’emploi, le développement économique, l’ouverture du capital et du patrimoine à tous, l’éducation et la lutte contre la corruption qui gangrène la société.
Lors de mon dernier voyage (en octobre 2016), je me suis rendu compte qu’un policier gagnait autant qu’une femme de ménage bien payée… comment alors être surpris de la corruption de la police qui se sert de son petit pouvoir pour se nourrir sur les citoyens… Cela n’entrave pas le voyageur qui ne boit pas ou qui respecte scrupuleusement les limitations de vitesse. Mais cela pourrit la vie des sud africains. Les divers scandales financiers dans lesquels le président Zuma fut impliqué et l’impunité flagrante qui fut la sienne, n’ont fait qu’accélérer le mouvement du sommet à la base de l’état. L’Afrique du Sud, connue pour son organisation irréprochable est aujourd’hui montré du doigt et cela se ressent concrètement dans plusieurs domaines.
La population, les entrepreneurs, les étudiants récemment, tout le monde est outré par l’immobilisme du pouvoir en place. Cela a donné, lors des élections municipales récentes, un raz de marée du parti DA qui a pris la plupart des grandes métropoles du pays dont l’emblématique Johannesburg. Dans ce contexte, la fin de l’ANC semble inévitable… Mais pour cela il faudra attendre… 2019. Que c’est long encore. Trop long, alors que le pays s’enfonce dans une crise incroyable avec une croissance économique au point mort, un comble quand on pense au potentiel du pays mais aussi à celui que lui offre le continent africain dont les marchés lui ouvrent les bras.
Quand on discute avec des sud africains, ils iront tous de leur analyse, de leur interprétation et de leur vision de l’avenir. Zuma partira, partira pas, il sera poussé dehors… ou pas. Chacun y va de ses paris, de ses analyses mais au final, le pouvoir reste en place, l’économie fait du sur place et les conflits sociaux se multiplient, parfois de manière désordonnée, parfois de manière violente. En ressort des mouvements extrémistes et le leader Julius Malema qui fait resurgir des discours que Madiba avait fait taire dans les années 90…
Alors que l’Afrique du Sud n’a jamais eu autant de succès auprès des voyageurs du monde entier (faiblesse du rand oblige), alors que ce pays regorge de trésors au premier rang desquels figure sa population, ce pays ne sait plus comment avancer… alors il fait du sur place… Mais j’ai confiance dans la capacité de rebond de l’Afrique du Sud et j’espère qu’elle saura affronté les mois à venir… pour cela, il faut un grand homme, en supposant que notre époque puisse encore en fournir un…
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