Lorsque l’on envisage une destination de voyage, on se renseigne, on regarde des blogs, divers sites de voyage, on prend du temps des agents de voyage spécialisé, on lit des guides, on consulte parfois les offices du tourisme, on se jette sur le moindre reportage qui y est dédié… et puis on décide. Au final, les principales destinations qui ressortiront de tout cela seront toujours les mêmes ; faciles à identifier, elles sont inévitables et pourtant un choix s’imposera à vous : vous ne pourrez tout faire. L’heure de l’arbitrage arrivera ; le Cap gagnera à tous les coups, ça c’est quasiment certain. Et puis, la nature du voyage, les temps de route, vos attentes vous imposeront un itinéraire qui suivra les traces des grands (et merveilleux) sites de l’Afrique du Sud.
Mais il y a une minorité de gens ; ceux qui veulent éviter ce qui est évident (et souvent indispensable), ceux qui voyagent toujours pour sortir en permanence des sentiers battus (au risque de rater l’essentiel souvent) et enfin ceux qui multiplient les voyages dans ce pays et souhaitent enrichir leur connaissance. Pour tous ceux-là, voici le Top Ten des destinations « inconnues » d’Afrique du Sud, parfois à juste titre… et parfois pas. A vous de vous faire votre opinion :
– Kalahari Transfrontier Park
Je vous épargne le nom officiel car à chaque fois, je fais des fautes d’orthographe en l’écrivant. Alors, vu que j’en fais déjà suffisamment en temps normal, je vous évite cela. Il s’agit d’un parc national à la taille impressionnante situé à la frontière du Botswana et de la Namibie, au Nord du pays. La ville importante la plus proche est Upington (joignable par avion). Ce parc national est peu visité par les étrangers et bien plus par les sud africains qui l’apprécient pour sa faune, ses paysages désertiques à semi désertiques et la grande richesse ornithologique qu’il renferme. Comme le parc Kruger, il dispose de rest camps bien aménagés dont le plus grand s’appelle Twee Rivieren. On est au cœur de la route des pionniers du grand trek, au fin fond de l’Afrique du Sud sauvage… ce parc est une merveille mais sa situation à l’écart de tout le rend confidentiel pour les étrangers. Pour la saison, il peut se visiter toute l’année, mais avec une préférence pour les saisons intermédiaires (avril à juin et de septembre à novembre). Un 4X4 sera indispensable. Une expérience de brousse désertique unique et beaucoup d’animaux en ces saisons, mais pas simples à voir tant ce parc est grand.
– Namaqualand et Augrabies
Cette région, non loin du Kalahari est merveilleuse lors d’une seule saison en Afrique du Sud, le printemps (de septembre à novembre). Fameux pour la floraison de ses fleurs, le Namaqualand est une zone désertique située au Nord du pays non loin de la frontière namibienne. Classé par l’Unesco pour sa flore exceptionnelle, cette zone désertique à semi désertique explose des couleurs des fleurs qui recouvrent ces paysages. Inévitable en cette saison, peu de gens y vont cependant et cela pour deux raisons : la première étant qu’une fois encore, c’est loin et trop loin des autres routes et la seconde est aussi que l’hôtellerie y est médiocre à inexistante… donc faudra peut être faire l’impasse. Les chutes d’Augrabies et le parc attenant est un parc semi désertique, minéral, très beau et idéal pour les marcheurs et amateurs de nature vierge… mais bon… il y a de grande chance que vous deviez vous contenter des superbes photos des beaux livres sur l’Afrique du Sud, qui n’oublient jamais d’y faire un détour.
– Grand Karoo
Si le petit Karoo, par sa proximité avec la route des jardins, est plus fréquentable, le grand Karoo est souvent le grand oublié du Sud du pays. Situé entre Bloemfontein et le Cap, c’est la zone semi désertique que l’on retrouve à 600km du Cap, après avoir passé la riche région de la route des vins et avoir grimpé jusqu’au plateau qui ne s’arrêtera plus jusqu’à Johannesburg. On y trouve, près de la ville de Beaufort West, le parc national du grand Karoo avec un logement de belle qualité. Des safaris y sont proposés mais on n’y voit, soyons honnêtes que peu d’animaux. Mais c’est une expérience de brousse assez unique, entre désert et brousse. Les chercheurs de big five passeront leur chemin mais ceux qui aiment la brousse et les paysages grandioses ne la rateront pas… vous encourager à faire l’impasse sur un « essentiel » pour venir ici serait, de ma part, une grave faute professionnelle cependant.
– Transkei
Au Sud Port Elizabeth et la route des jardins, au Nord Durban, à l’Ouest le Lesotho et à l’Est, l’océan Indien. Il s’agit d’un état, bref d’une grande région, sur laquelle quasiment tout le monde fait l’impasse et pourtant il s’agit du pays des Xhosas et de leur illustre membre, Nelson Mandela, qui y a vu le jour. J’avais déjà parlé dans ces lignes de Qunu où furent organisées ses funérailles… et depuis quelques voyageurs tentent le coup et partent vers East London puis Umtata. Une grande route traverse cette zone autrefois réputée dangereuse, mais très souvent, le voyageur est déçu. Déçu par le peu de population rencontrée et aussi déçu car il ne verra que rarement l’océan pourtant si proche. Ce sera une zone vallonnée où vous vous sentirez un peu seul au monde et aussi, tout de même, où vous marcherez dans les pas de l’enfance du grand homme… il faudra faire le deuil de l’hôtellerie de charme, dans les villes, seulement des hôtels de chaîne… bof… cette région n’est pas prête, mais le potentiel est là, l’avenir décidera le devenir de cette non destination.
– Wild Coast
On remonte le Transkei et l’on se retrouve sur une côte sauvage au Sud de Durban qui a pris un nom évident, la Wild Coast. Paradis des pêcheurs au gros, paradis des plongeurs aussi car connues pour la richesse de ses fonds marins, cette zone est peu exploitée ou en tout cas mal exploitée. Les pêcheurs et plongeurs étant obsédés par leur pratique, ils négligent l’hébergement et le service ; le bon point c’est que c’est pas cher ; le mauvais point est que cela ne vaut pas plus. Pour les grandes plages, choisissez d’autres régions, si vous n’êtes ni pêcheurs, ni plongeurs, ni amateurs de boui boui, passez votre chemin, vous aurez bien mieux plus au Nord vers le Maputaland… même pour la plongée.
– Kimberley
Je n’ai jamais compris la notoriété de cette ville minière si ce n’est parce que la mine mythique qu’elle contient est une mine de diamant. Aujourd’hui plus exploitée, il reste le trou de Kimberley, vestige de la mine et symbole de la puissance de l’ouvrage humain pour atteindre les richesses de la terre. Au milieu de nulle part et pourtant, de nombreux groupes de voyageurs (rarement des individuels) y passent et se réjouissent de voir ce « trou ». Franchement, évitez cette région excentrée.
– Bloemfontein et l’Etat Libre
Il faut prendre parti alors voici ce que je considère comme la région la plus ennuyeuse d’Afrique du Sud. On est en plein dans l’Afrique du Sud « boer », blanche, qui renferme les derniers extrémistes blancs et également les grands domaines agricoles. L’apartheid n’a pas complètement disparu de cette région blanche, plane et pas extrêmement belle. Si en bordure le Golden Gate park est un must parmi les parcs de montagne du Drakensberg, si j’ai aussi fait l’apologie du trajet infini entre le Cap et Joburg par la route, voici les deux seules raisons d’aller dans cette région. Cet avis tranché n’est pas définitif… mais pour l’instant, vous l’avouerez, il est tranché…
– Nambiti
Une nouvelle zone sauvage émerge et elle n’est pas si éloignée des trajets classiques. Il s’agit de la réserve de Nambiti, située au Sud et Ouest du Swaziland, au Nord Ouest du Zululand. Quelques lodges existent, et même depuis récemment un lodge francophone (assez rare pour le mentionner, Esiweni Lodge). Les paysages vallonnées offrent de superbes panoramas ; elle prétend ne pas avoir de Palu (soit), il y fait bon toute l’année et on y voit pas mal d’animaux car nous sommes dans un grand espace sauvage depuis des lustres. Jusqu’à présent réservée au sud africain grâce à sa proximité de Johannesburg, peu à peu des adresses fréquentables y apparaissent… région à suivre, succès à venir… si les prix restent décents.
– Le Limpopo
Là aussi, il s’agit d’une très grande région, au Nord de Johannesburg. L’un de mes premiers articles était dédié à mon premier safari en Afrique du Sud qui avait eu lieu, il y a bien longtemps, à Lapalala dans cette région. Mais depuis quelques lodges sont apparus et certains de très (très) grande qualité. A seulement 3 heures du Gauteng, il existe quelques très belles réserves et quelques très beaux lodges. N’en attendez pas une orgie de vie sauvage, mais une expérience de brousse assez unique et toujours très agréable car dès lors que l’on va dans des endroits de « sud africains », on se rend compte combien ils savent bien vivre.
– Le Nord Kruger
L’enfant pauvre du Kruger, le Nord du parc. Trop loin, trop sec l’été, trop à l’écart et trop abandonné par les lodges laissant la seule place aux rest camp, le Nord Kruger et le Kruger off. Celui où la plupart des voyageurs ne s’aventurent jamais. Au Nord de la ligne Olifants/Letaba, les plus aventureux iront peut être à Chingwedzi mais très peu iront à Punda Maria. Les sud africains, eux, iront, mais les étrangers avares en temps et en kilomètres ne s’y aventureront que très peu. Je conseille, si vous en avez le temps, de choisir les saisons intermédiaires (printemps ou automne) pour parcourir routes et pistes désertes de cette région pour faire des rencontres uniques et tordre le coup des snobs qui snobent le Kruger.
Alors si vous avez le temps, faites votre choix au sein de cette autre Afrique du Sud.
Bonjour ,
à propos du Grand Karoo , je conseille la visite et une nuit si possible au village très authentique de Prince Albert , au pied de la Passe de Swartberg , qui permet ensuite de rejoindre le petit Karoo à Oudtshoorn , agréable capitale de l’autruche et point de départ pour rencontrer les suricates au lever du soleil ( inoubliable !)